La salle de spectacles A Thou Bout d’Chant située sur les pentes de la Croix Rousse, a été fondée en 2001 par Marc David et Frédérique Gagnol, un couple de férus de chanson française. Après une quinzaine d’années, ils ont décidé de se consacrer à un autre projet et de laisser leur place à deux jeunes tout aussi passionnés, qui ont repris le bébé tout récemment.
En bref, la salle est entre de nouvelles mains depuis le 1er août dernier et propose une programmation éclectique “d’expression francophone”. Tous les styles mais dans la langue de Molière, c’est ça leur crédo.
Matthias et Lucas, sont donc aujourd’hui les nouveaux co-directeurs de la salle. Lucas est plutôt dans l’administratif alors que Matthias œuvre plus sur la partie communication. Ils sont pleins d’enthousiasme et de projets et franchement, ça fait zizir. Après une refonte de leur identité visuelle et leur site internet, avoir ouvert leur programmation et lancé leur campagne de crowdfunding, Matthias a pris quelques minutes pour qu’on cause.
Salut Matthias, on peut en savoir plus sur toi ?
J’ai fait des études de communication, mais surtout depuis mes 17 ans, je compose et j’écris des chansons. (sa chaine Youtube ici). J’ai pu faire pas mal de concerts et rencontrer beaucoup d’artistes et il se trouve que le destin a placé Lucas sur ma route (comme ça ? Bon ok on rigole), il y a 3 ans, en finale d’un tremplin qui avait lieu à… À Thou Bout d’Chant ! Incroyable coïncidence, non ? Nous avons glorieusement perdu cette finale mais on s’est plus quittés. En bref, on n’a pas arrêté de se croiser entre les concerts et le conservatoire, jusqu’à ce qu’il me propose de reprendre le bébé avec lui. Projet que j’ai immédiatement accepté. Aujourd’hui je fais donc un travail pour lequel j’ai été formé (la communication) dans l’univers qui est ma passion depuis tout petit (la chanson française).
Vous êtes en train de changer l’identité de la salle, du logo à une programmation plus variée. Vous essayez d’attirer les jeunes qui boudent la chanson française ?
La ligne directrice de la salle ne change pas en réalité : défendre les textes en français et dénicher les nouveaux talents (notamment via notre tremplin découverte). Mais nous voulons effectivement nous ouvrir à un public peu intéressé par une programmation chanson « traditionnelle »… sans pour autant exclure les habitués du lieu ! Des styles comme le rap ou le slam, absent jusqu’à présent, sont maintenant programmés.
Nous avons grandi dans une société qui met en avant les anglo-saxons et qui a délaissé petit à petit le français. Nous vivons actuellement dans un pays où les radios ne veulent plus du quota qui leur impose 40% de musique d’expression francophone (ça peut se comprendre, vu que l’offre grand public en chanson française est désastreuse). Rapport de cause à effet : les jeunes écoutent moins de chanson française aujourd’hui.
Mais tout comme le rap, la chanson française c’était pas mieux avant ! Elle n’a jamais été aussi intéressante et riche que maintenant. C’est juste que, tout comme dans le rap aujourd’hui, il faut faire le tri et creuser un peu au-delà de ce que les médias grand public nous donne. Et nous allons le faire : proposer un tri de ce que l’on pense intéressant pour vos oreilles et vos épidermes. (oh oui, fais nous vibrer Matthias!)
Mais tout comme le rap, la chanson française c’était pas mieux avant !
Et niveau subventions, vous avez été soutenu par qui ?
Le rachat du fond de commerce a été fait via un prêt de banque couplé au prêt d’un organisme nommé Rhône Développement Initiative (RDI). Cet organisme aide les petites entreprises et les associations à se lancer et à trouver des fonds pour les premières étapes d’un projet. Sinon, la salle fait partie depuis 2003 du réseau Scènes Découverte destiné aux lieux qui mettent en avant les artistes émergents de la région. Ce qui nous a octroyé des subventions de la part de la ville de Lyon, de la Région Rhône-Alpes et de la DRAC (la direction régionale des affaires culturelles).
En espérant la reconduction de ces aides indispensables sur 2016, nous avons lancé une recherche de mécénat ainsi qu’une campagne de crowdfunding sur Ulule notamment destinée à la rénovation de la salle.
Justement, le crowdfunding c’est bien à la mode dans le secteur culturel ces temps-ci : pourquoi ?
Les sites de crowdfunding ont commencé à se multiplier au début de la crise économique pas vraiment par hasard. Ça représente aujourd’hui une alternative au schéma économique traditionnel et permet à n’importe qui d’avoir l’espoir de voir son projet financé et, donc, réalisé. Ça permet aussi de jauger le public en direct, sans passer par des décisionnaires qui doivent estimer si le projet est susceptible de plaire ou non.
Pour ATBC on a senti un réel élan de solidarité de la part de nos proches, des artistes ou des professionnels de la musique qu’on a pu croiser ces derniers mois. Ils étaient tous ravis que la salle soit reprise par des jeunes et beaucoup se sentaient prêts à donner un coup de main (financier ou non d’ailleurs). Merci à eux, cœur avec les doigts !
Le crowdfunding, une alternative au schéma économique traditionnel qui permet à n’importe qui d’avoir l’espoir de voir son projet financé et, donc, réalisé.
Et tu vois comment l’avenir ? Je veux une réponse en chanson évidemment…
J’ai pas de réponse en chanson à te donner car la seule qui me vient directement avec le mot « avenir » dedans c’est une chanson de Louane donc bon…
« Pour demain l’aveniiiiiiiiir » on souhaite que la salle tourne bien, qu’elle soit un lieu « que j’aime bien venir » comme dirait Ribéry et un lieu de passage incontournable pour tout artiste écrivant en français, qu’il débute ou non le métier. On souhaite que tous les publics soient au rendez-vous et que les gens écoutent de plus en plus de chanson française. On a l’espoir secret que les lyonnaises et les lyonnais viennent découvrir les nouveaux talents près de chez eux au lieu de regarder une énième soirée spéciale Michel Berger sur TF1 avec Tina Arena et John Mamann qui reprennent « la groupie du pianiste » (et Dieu sait que j’aime Michel Berger hein ?). Et on veut la paix dans le monde aussi.
Au niveau de la prog, ça donne quoi ?
Dans les grands rendez-vous de la première partie de saison il y aura Les Tit’ Nassels les 6 et 7 novembre, Ben Mazué le 12 novembre et Kacem Wapalek les 13 et 14 novembre.
Pour la suite, la programmation complète de la salle est à retrouver ici.
Mise à part la programmation chanson, nous aurons également des soirées, les mercredis, qui varieront entre le théâtre d’improvisation avec la compagnie Kamélyon qui viendra faire des représentations un mercredi sur deux, des soirées slam présentées par le collectif la Déchirature et des soirées Qu’ouïe-je (attention jeu de mot), un blind-test déjanté autour de l’univers chanson animés par Lucas et moi. Les dimanches seront réservés aux tremplins et à une soirée scène ouverte, la « salade de bruit » (attention jeu de mot #2), animée par un artiste lyonnais, Jean-Baptiste Veujoz.
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