Début décembre a été inaugurée la nouvelle exposition de la Fondation Renaud, La fabrique des regards, filiations lyonnaises de Gustave Moreau, dans les magnifiques locaux du Fort de Vaise. Cette exposition explore la thématique de la transmission artistique et de la relation maître-élève artistes peintres.
À découvrir jusqu’au 11 février 2024 !
La Fondation Renaud
Suivant la politique d’achat de la fondation, on retrouve dans leurs collections de nombreux artistes locaux. Si les oeuvres sont très souvent issues des Beaux Arts, on trouve aussi de l’Art populaire et des Arts et Métiers. La Fondation Renaud est reconnue d’utilité publique depuis 1995.
La fabrique des regards, filiations lyonnaises de Gustave Moreau
Le sous-titre de cette nouvelle exposition explicite bien son contenu : les héritages de Gustave Moreau parmi les artistes lyonnais. Plus précisément, l’exposition s’articule autour de cinq artistes, tous liés par une lignée de transmission d’un apprenti devenu artiste enseignant à son tour : Gustave Moreau, Georges Décôte, Louis Charrat, Claude Grand et Fabienne Comte.
Gustave Moreau (1826-1898) était un peintre et graveur, figure du mouvement symboliste français. Bien qu’anti-académique, il fut un grand professeur à l’ENBA de Paris (Ecole nationale des Beaux-Arts), où Georges Décôte fut élève. Ce même Georges Décôte est à son tour devenu peintre enseignant, à l’ENBA de Lyon. Et c’est ainsi que la ligne de transmission au coeur de l’expositon débute !
Fabienne Comte, à l’origine de cette exposition, a eu cette idée lorsqu’elle a retrouvé des documents témoignants de cette filiation artistique à la mort de Claude Grand en 2015. C’est d’ailleurs un autre élève de Claude Grand, aujourd’hui scénographe, qui a conçu le fond sonore présent dans la salle dite de l’Atelier. (Malheureusement pour cette exposition, aucun original de Claude Grand n’a pu y être exposé, conformément à la volonté des ayants droit. Des “à la manière de” sont donc présents. Pour que son style et son travail soient tout de même présents dans ce récit de filiation artistique.)
Tout comme l’artiste en devenir, la scénographie nous embarque dans un parcous initiatique. Pour découvrir le travail de l’artiste en atelier, le long travail d’acquisition des gestes et des techniques diverses et variées. On explore au fil des salles le processus de création, selon les techniques transmises d’un artiste à l’autre. Au fil des salles, on découvre comment chaque artiste exprime sa formation, sur des supports variés. Car dans cette filiation, la formation explore de nombreuses techniques différentes : vitraux, peinture à l’huile et peinture à l’eau, gravure (dont le très difficile monotype sur plaque de zinc qui force l’artiste à travailler à l’aveugle avec cette plaque sombre qui ne permet pas de voir les couleurs appliquées !), mais aussi la photographie,…
Cette passation se fait aussi au travers d’objets, mais aussi et surtout des encouragements ! Par exemple, Gustave Moreau avait encouragé Georges Décôte (27 ans à l’époque) pour qu’il fasse partie du chantier de Fourvière, pour la réalisation des vitraux !
Cinq thèmatiques artistiques explorées
Le style de Gustave Moreau peut se résumer selon ses mots à une “belle inertie et richesse nécessaire”. Ce principe de base se retrouve à travers les oeuvres de la filitation.
Pour aider le spectateur à voir cela, ces liens entre artistes et cet héritage artistique qui reste visible dans le style personnel de chacun, l’exposition s’articule sur cinq thématiques : l’atelier, la lumière, les intérieurs, les figures humaines et les paysages.
C’est dans l’atelier que le parcours initiatique débute, pour l’élève peintre comme pour le spectateur.
Le geste est primordial dans ce travail, car “certaines choses se montrent mais ne peuvent s’expliquer”. J’évoquais ci-dessus le travail complexe de la réalisation d’un monotype, mais cela vaut aussi pour le sfumato ou l’utilisation du lavis (encre diluée), la conception d’une composition sur la toile, etc, qui même pour les spectateurs s’apprécient par le regard. La découverte des objets spécifiques, le developpement des techniques, l’apprentissages des gestes, tout cela se pratique à l’atelier.
Ensuite, l’exposition s’intéresse au travail de la lumière. Et, dans le cas particulier de cette filiation, au travail de la création de vitraux. Comme dit ci-dessus, Décôte a travaillé à la réalisation des vitraux de la Basilique de Fourvière. Louis Charrat (son ancien élève) en a réalisé quant à lui les croquis, pour la restauration de ceux de Saint-Bonaventure après la seconde guerre mondiale. (Aparté intéressant sur ces derniers, le travail du verre fut réalisé par Joséphine Lamy Paillet, une des seules femmes à l’époque dans cette pratique.)
En les observant, on voit le style Moreau dans le travail de Décôte, et leur styles à tous les deux dans les vitraux de Charrat…
Vient le tour des intérieurs et ses natures mortes. Si le sujet des natures mortes a tendance à moins “parler” aux spectateurs, ce type de tableau reste néanmoins un exercice technique incontournable. Claude Grand enseignait “Ne regarde pas le sujet, regarde la peinture”… Et si on se penche sur un simple vase rempli de fleurs, on discerne bien plus que ça en l’observant ! La composition du tableau, le travail des couleurs, les différents effets sur les fleurs selon les techniques utilisées, la tenue de l’ensemble, etc ! Les intérieurs furent le sujet de prédilection de Charrat sur la majeure partie de sa vie. Il fut d’ailleurs l’illustration du peintre d’intérieur par excellence.
La partie intitulée figures humaines explore les corps et les portraits. Pour tout peintre, le travail sur l’anatomie est essentiel pour réussir à maîtriser ces sujets. Cela passe alors par les cours de modèle vivant. “Sinon on dessine des poupées sans vie” comme le dit Fabienne Comte. Elle-même a beaucoup exploré ce sujet, le travail sur les corps, les mouvements ainsi que la sexuaité féminine avec la liberté des années 80/90.
Les paysages viennent clôre l’illustration de cette filiation particulière.
Ici encore, l’importance de la composition est présente, quel que soit le sujet. Car sans ce travail, le tableau ne peut pas tenir. On reconnaît avec plaisir dans cette salle des lieux connus des lyonnais, sur les toiles réalisées par ces artistes locaux.
Cette exposition se termine sur d’autres exemples de passation artistique. Puisées dans les collections de la Fondation Renaud, attestant des liens entre artistes lyonnais. Avec la taille “modeste” de la scène artistique lyonnaise, de nombreuses influences partagées entre les artistes existaient et peuvent s’observer dans leurs oeuvres.
(Gros coup de coeur dans cette salle pour une représentation du Forum antique de Rome, réalisée par… Tony Garnier !)
Infos pratiques, Fondation Renaud au Fort de Vaise
Du vendredi 1er décembre 2023 au dimanche 11 février 2024, du mercredi au dimanche, de 14h à 18h.
Par la Fondation Renaud au Fort de Vaise, 27 Boulevard Saint-Exupéry, 69009 Lyon.
(L’entrée de l’exposition se fait au niveau terrasses, en bas des escaliers du Fort et non au niveau rue.)
Accès transports en commun :
● Métro : ligne D station Valmy
● Bus : ligne 90 arrêt : Fort de Vaise, Les Carriers – Ligne 45 arrêt : St-Pierre de Vaise
● Vélo’v : Station Saint-Pierre-de-Vaise
Des évènements et animations autour de cette exposition sont prévues, dont une visite par Fabienne Comte le 27 janvier. Retrouvez l’agenda de cette exposition ici !
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