Il y a quelques semaines, je tombe sur cette tribune d’opinions d’Acteurs de l’Économie intitulée « Pessimistes, bougez-vous ou taisez-vous ! » écrite par Claire Saddy. Un genre de plaidoyer au droit au bonheur, à la volonté et à l’optimisme et un doigt d’honneur à ceux « qui ronchonnent tout le temps, qui ne sont jamais contents et déprimeraient un régiment de détenus fraîchement libérés. » La formule fait mouche. Je suis jeune, au début de ma vie professionnelle, pleine d’ambition et de doutes et lire ces quelques lignes sont plutôt revigorantes. Ne vous méprenez pas, j’adore me plaindre mais parfois il fait bon se rebooster. Je me penche alors sur l’auteure, une jolie femme blonde aux traits doux. Après quelques clics, je découvre son parcours ambitieux, ses créations d’entreprises et de structures, son rôle dans de nombreux réseaux féminins, et les titres de presse la qualifiant de « femme d’influence ». (Bref, elle pèse grave.)
Au détour de mes recherches, j’apprends qu’elle préside Rhône Alpes Pionnières. En gros, une association qui a pour but de favoriser l’entrepreneuriat féminin, que l’on sait minoritaire, en Rhône Alpes. Le concept me séduit directement, j’ai donc décidé de la rencontrer et de vous en présenter la structure composée de quatre membres « experts » et d’accompagnateurs de projets :
Claire Saddy est donc la Présidente, Marie Trouhet-Viel la Déléguée Générale, Claude Mondière la directrice du Pôle Accompagnement et Marie-Thé Sigaud-Queyroud, la Chargée de mission.
De gauche à droite : Marie-Thé Sigaud, Marie Trouhet-Viel, Claire Saddy, Claude Mondière.
Je décide de la rencontrer et d’en savoir plus …
Bonjour Claire, Rhône Alpes Pionnières est souvent défini comme un incubateur au féminin, pouvez-vous nous en dire plus sur le but de cette structure?
Nous accompagnons en effet exclusivement les femmes car nous œuvrons en faveur de la mixité dans l’entrepreneuriat. Il n’y a pas de réelle mixité actuellement : en France, 30 % seulement des chefs d’entreprises sont des femmes. Aux USA c’est 48 % ! Les femmes connaissent donc des freins spécifiques et nous les accompagnons pour les dépasser. Avec nous, elles prennent conscience de leurs talents d’entrepreneures, elles prennent confiance dans leur réussite … et elles réussissent ! La preuve : le taux de pérennité des entreprises accompagnées par Pionnières à 3 ans est de 90 % !
Le mentorat n’est qu’un aspect de notre accompagnement. Nous organisons un suivi individuel et personnalisé pour chaque créatrice, quel que soit le stade d’avancement de son projet, de la simple idée à l’entreprise déjà créée et quelle que soit l’activité de l’entreprise. Les Pionnières participent également à des formations techniques : business plan, statut juridique, positionnement commercial, vente,… mais aussi comportementales : oser être phénoménale, savoir pitcher… Nous proposons également de l’hébergement dans nos locaux, cours Lafayette (payant) : la créatrice peut louer un bureau pour son entreprise.
Quels sont vos critères de sélection pour aider les projets ?
Nous sélectionnons les projets sur leur caractère innovant : nouveau service ou produit, nouveau process de vente,… Notre définition de l’innovation est donc large et ne résume pas à l’innovation technologique : elle peut être sociétale, d’usage, de management. Le projet doit également être une source de création d’emplois à l’horizon de trois ans.
Pour candidater, la créatrice doit prendre contact avec nous par téléphone. Nous lui fixons alors un premier rendez-vous pour un entretien de deux heures (gratuit) au cours duquel nous validons ou non avec elle l’opportunité d’un accompagnement Pionnières pour son projet. Avant le début de la création de l’entreprise, notre accompagnement coûte un forfait de 400 €, puis il est de 50 €/mois post création. Tout est compris dans ce coût, à part l’hébergement éventuel.
Aline Logie et Noeline Clavier fondatrices de Line, le futur concept-store mobile dédié aux femmes
N’avez-vous pas peur d’être dans une démarche de discrimination positive ? Vous semble-t-elle nécessaire?
Tant que l’entrepreneuriat féminin sera minoritaire, notre action sera nécessaire. Il ne s’agit pas de discriminer positivement les femmes… contre les hommes, mais de tout simplement les aider à entreprendre, comme le font les hommes ! Si on augmentait le taux de création d’entreprise par les femmes de seulement 10 %, ce serait 100 000 nouvelles entreprises crées en France chaque année ! Imaginez le nombre d’emplois ainsi créés pour les femmes… et les hommes. L’économie française a tout à gagner à la promotion de la mixité dans l’entrepreneuriat.
Il ne s’agit pas de discriminer positivement les femmes… contre les hommes, mais de tout simplement les aider à entreprendre, comme le font les hommes !
Comment expliquer ce nombre réduit femmes dans le secteur de l’entrepreneuriat?
Avant tout, les femmes manquent de modèles féminins en la matière et ont donc du mal à se projeter dans le rôle de future patronne. D’autre part, elles se demandent si être cheffe d’entreprise est compatible avec une vie de famille, dont elles assument 80 % des tâches, ainsi que nous le disent les statistiques avec entêtement depuis 20 ans ! Elles sont de ce fait plus prudentes. A cette question, je réponds oui, à trois conditions : une vraie passion pour son activité professionnelle, une bonne organisation et un mari qui soutient le projet de création d’entreprise.
Enfin, un des freins que je constate également est le peu d’appétence des femmes pour la vente. Quelle dommage, car vendre fait appel selon moi à de belles qualités humaines et les femmes n’en manquent pas… Elles doivent évacuer l’image du vendeur-bonimenteur et parler d’elle de façon authentique et positive, sans complexes et avec passion. L’incubateur les forme à cela !
Cela induirait donc le fait que le genre de l’entrepreneur influence la manière de faire du business ?
Les qualités pour être un bon chef d’entreprise sont clairement les mêmes qu’on soit un homme ou une femme : ténacité, dynamisme, optimisme, passion, vision, rigueur,… Alors non, pour moi il n’y a pas de différence femme-homme dans le développement d’une entreprise. Là où je constate des différences, c’est que les femmes entreprennent moins que les hommes, pour des raisons qui leur sont propres et que j’ai évoqué plus haut. C’est pour cela qu’il faut les accompagner différemment des hommes pour qu’elles osent être ambitieuses.
Certes, les femmes lancent leur activité dans des secteurs différents des hommes : elles innovent plus dans les services, le domaine de l’économie circulaire ou solidaire,… et moins dans la technologie. Mais cela est dû en grande partie à leurs parcours scolaires et à leurs études initiales. C’est positif, puisque cela les amène à explorer des champs d’innovations qui intéressent moins les hommes. Pour l’économie c’est parfait !
Il faut les accompagner différemment des hommes pour qu’elles osent être ambitieuses.
Des rendez-vous lyonnais à noter dans les mois à venir ?
Nous organisons des réunions d’information tous les mois, les prochaines dates sont les 13 avril, 29 avril et 9 juin. Vous pouvez retrouver nos prochaines rencontres sur notre site internet.
Et pour finir, un conseil pour nos lectrices ?
Ne jamais rester seules : se faire accompagner dans sa création d’entreprise. Comme le dit un proverbe africain : « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Alors ? Elles ont l’air sympa, les filles de Rhône-Alpes Pionnières, non ?
Alors, si toi aussi tu te sens l’âme d’une entrepreneure n’hésite plus :
04 72 72 95 43
contact@rhonealpespionnieres.org