Alexandra Costanzo est une jeune illustratrice lyonnaise. Elle s’est spécialisée dans l’illustration des expressions françaises. Comment ça ? Et bien, elle illustre les expressions de notre belle langue, de façon légère, souvent drôle et surtout littérale ! Sa passion est devenue son métier et elle crée Jabberdrawings en 2021.
Voici quelques exemples de ses œuvres et une interview de l’artiste et de la femme, présentant son parcours, ses choix, des infos pour la connaître un peu mieux ainsi que son travail.
Pour conclure en beauté, découvrez l’illustration qu’Alexandra a créé spécialement pour l’interview de Girls Take Lyon, à partir d’une expression lyonnaise. 😆
Qui est Alexandra Costanzo ?
Dis nous en plus sur toi ? D’où viens tu ?
Je suis née à Villeurbanne, j’ai grandi aux quatre coins de la France, en passant par Marseille, Paris, jusqu’à la Bretagne. Je suis d’origine sicilienne par mes deux parents, et j’ai deux sœurs aînées. J’ai fait de la danse sur glace (ça se rapproche du patinage artistique mais plus “chorégraphié”) pendant 5 ans, c’est un sport pour lequel je me suis passionnée vers mes 10-11 ans.
Crédit photo : Marine Sonnerat
Je suis quelqu’un de très attachée à ma famille (un cliché réel sur les italiens cette fois !).
Il ne se passe pas un jour sans que nous nous écrivions avec mes parents (alors que nous vivons à côté) et mes sœurs. Nous sommes très proches.
A côté du dessin, j’ai une passion pour la lecture, j’ai toujours énormément lu, et de tout.
Pareil pour le cinéma, je suis une grande cinéphile (pas autant que mon fiancé, qui a, à ce jour, à son actif, près de 2 000 films visionnés !) ainsi que la photographie, la pâtisserie, les voyages, l’histoire… Ah, oui, tu lis quoi en ce moment ? “Avant de te dire adieu” de Mary Higgins Clark
Depuis toute petite, j’ai toujours adoré créer. Le vitrail, la peinture, le tricot, le dessin, faire des colliers, des bracelets… C’est quelque chose qui m’a toujours passionnée mais mon premier amour a toujours été le dessin. Mon père est dessinateur industriel diplômé et a toujours été très doué en dessin. Il faut croire que c’est de famille ! J’ai commencé d’abord comme tous les enfants à faire de magnifiques dessins faits de gribouillis.
Puis, petit à petit, avec les ateliers d’arts manuels à l’école primaire puis les cours d’arts plastiques au collège, j’ai développé un attrait encore plus grand pour le dessin. Sur mon bulletin de 3ème, ma prof de l’époque avait même écrit que j’avais “un talent artistique inexploité”… Mais je n’avais pas vraiment pris cette remarque au sérieux à l’époque. J’étais certes sans doute très douée mais pour moi, ça s’arrêtait là, je n’étais pas non plus la prochaine Frida Khalo ou le prochain Dali !
Quand et comment as-tu commencé à dessiner ?
Arrivée au lycée, j’ai choisi la filière L pour les langues. Puis j’ai pris une option de droit à l’époque, et je me suis tout de suite passionnée pour cette matière. Après une première année à la fac en anthropologie et sciences politiques, j’ai décidé de me réorienter pour faire du droit, avec l’idée en tête d’aider les gens et de “combattre” l’injustice, car c’est quelque chose qui m’anime. Certains sont parfois moins sensibles à ce genre de combat, mais moi, depuis petite, c’est quelque chose que j’ai toujours détesté au plus profond de moi-même, c’en est viscéral !
Ensuite, je me suis dirigée vers des études pour devenir notaire, mais rester sur les bancs de la fac et apprendre la théorie n’était pas fait pour moi. Je suis donc partie travailler, tout d’abord, dans un cabinet d’avocats, puis ensuite dans différentes études de notaires. En effet, ce métier, malgré les nombreux stéréotypes que l’on peut avoir dessus, est au cœur de tous les événements de la vie : mariage, achat, vente, succession…
C’est dans ces moments-là que j’ai ressenti que j’aidais vraiment les gens. Ce sont des moments délicats et les clients, quels qu’ils soient, ont besoin de notre aide. Il y a un aspect très psychologique et social dans le monde juridique, qui est très important et qui avait orienté mon choix de carrière, à l’époque.
A propos de Jabberdrawings
Tu es en pleine reconversion professionnelle. Quel a été le déclic pour “changer de vie” ?
Je me suis énormément remise en question concernant mon choix de carrière, à savoir clerc de notaire. En effet, bien que le métier soit passionnant, je me rends compte qu’il ne m’anime pas autant que le dessin m’anime.
Le déclic a été une annonce de recherche d’emploi de dessinateur/dessinatrice chez la maison Hermès, que j’affectionne particulièrement pour son savoir-faire, mais également pour ce qu’ils proposent, notamment dans le choix de leurs carrés. Je les ai toujours trouvés extraordinaires, atypiques. J’ai donc décidé de faire le choix du cœur et de me diriger vers une carrière qui me correspondait le plus, c’est-à-dire l’illustration.
Pour citer ma mère, “oui le droit c’est bien, tu as voulu faire ça… Mais moi, je t’ai toujours vue dans la création, depuis petite”. Comme beaucoup, j’ai écouté ma maman un peu tard haha !
Je vais donc prochainement commencer une formation sur un logiciel qui est très souvent demandé pour exercer le métier d’illustrateur. J’ai également pris des séances chez Apple pour le logiciel Procreate, que j’utilise pour mes illustrations. De quel logiciel s’agit-il ? Comment finances tu cela ? C’est le logiciel Illustrator. Je finance cette formation avec le compte de formation.
Tu as une ligne esthétique et un concept bien à toi, comment as-tu fait ces choix ?
J’aime que les illustrations soient simples, claires et concises, minimalistes. A mes yeux, la personne qui verra mon dessin doit pouvoir comprendre l’expression que j’ai illustré sans forcément voir l’expression écrite en dessous.
Est-ce que tu es arrivée à ce résultat selon toi ? A vous de me le dire en voyant mes dernières illustrations 😉
Qu’est-ce qui t’inspire ?
Tout simplement la langue française, sa richesse et la culture qui l’imprègne.
Explique nous pourquoi tu as choisi “jabber drawings” comme nom pour ton concept ?
Le début du nom est tiré du monstre d’Alice au pays des merveilles, qui est mon conte préféré, le Jabberwocky. Et drawings, tout simplement, pour les dessins !
Devenir illustratrice et indépendante à Lyon
Quelles sont les difficultés et les grandes joies depuis que tu es à ton compte ?
La plus grosse difficulté est tout simplement la visibilité. Il y a énormément de comptes sur instagram (qui est ma plateforme de prédilection) que l’on favorise, alors que de petits artistes comme nous rêveraient de pouvoir aussi être vus. Selon l’algorithme faudrait publier plusieurs fois par jour, presque spammer le réseau. Mais j’estime que c’est friser le burn-out créatif, comme une de mes meilleures amies l’appelle : “en effet, on fait la course à la productivité mais pas à la qualité, et c’est dommage !”
C’est une des raisons pour lesquelles on parle de toi et de pleins d’autres “acteurs lyonnais” qui le méritent 😉
Des hauts et des bas, cela arrive quand je n’ai pas d’inspiration. Même si j’ai les expressions sous les yeux, il peut m’arriver de ne pas réussir à les illustrer. Mais j’ai un fiancé qui m’aide énormément quand j’ai une panne d’inspiration !
Ma plus grosse déception, c’était l’année dernière. J’avais contacté une association pour exposer mes dessins. Le concept plaisait aux personnes qui tenaient l’association, j’étais tellement contente ! Mais j’ai vite déchanté quand j’ai su que je devais être sur place toute la journée et en plus de cela payer une certaine somme que je n’avais pas, et je ne l’ai su qu’à la fin… Je n’ai donc pas pu exposer mes dessins. (pas cool du tout)
Les bonnes nouvelles, c’est quand on me donne des suites favorables ahah ! Ma plus grosse joie a été quand j’ai été contactée directement, sans faire de démarche, par AirZen Radio, pour réaliser un podcast sur mes dessins, ou les commandes de tote-bag ou d’affiches, les petits messages de mes abonnés pour me dire qu’ils adorent ce que je fais et qu’ils m’encouragent. Ça me rend tellement fière de moi !
Quels sont les conseils que tu peux donner pour ceux qui souhaitent se lancer ?
De se lancer ! Il y a de la place pour tout le monde, même s’il y a beaucoup de concurrence, d’histoire d’algorithmes sur instagram, etc. Ne jamais se sentir illégitime. Et comme disait Avicii, “un jour, tu laisseras ce monde derrière toi, alors vis une vie dont tu te souviendras”.
Quels sont tes projets pro dans le futur ?
J’aimerais pouvoir éditer un livre avec toutes mes expressions dessinées dedans. J’ai déjà une boutique en ligne avec quelques totes bag et des affiches, j’aimerais beaucoup pouvoir la développer et proposer par exemple des t shirt avec l’impression de mes dessins dessus. J’aimerais aussi faire une photographie des expressions, par exemple en dessinant des fleurs sur la peau pour l’expression “à fleur de peau”
Également, avec mon fiancé, nous avons pour projet de faire une BD (je me charge du dessin et lui du scénario).
Une envie en particulier ? J’aurais qu’on me fasse faire un genre de Fast and Furious de Konbini, j’adore le concept !
On va voir pour lancer des vidéos dans le genre sur Girls Take Lyon. 😉
As-tu des rituels pour travailler ?
En général, je mets de la musique et je me mets à part, pour ne pas être dérangée. Je ne dessine pas avec une série ou un film en fond. Pour le choix de la musique, ça dépend. Par exemple, pour l’expression les pieds dans le plat, j’avais en tête de dessiner un plat décoré dans un style très sicilien, j’avais donc de la musique italienne dans les oreilles.
Pour le cœur sur la main, j’avais « même les monstres rêvent d’amour » de Tsew the Kid.
A Lyon, quelles sont tes adresses préférées ?
Food : courez chez Marillier les saveurs ! Carmelo, la Cabane rue Mercière, Amorino au Vieux Lyon, la crêperie le Marélie dans le 3ème, le Street Food Festival.
Art : la boutique d’Émilie Ettori, la boutique d’affiches de ciné Loulou au Vieux Lyon, la boutique en ligne de bougies de ma copine Meylimoon !
Boutiques : Rose rue Cuvier, Bon Fripe Bon Genre et Sostrene Grene pour la déco.
Culture : les librairies Diogène, Gibert Joseph et Passages, l’Institut Lumière et son Festival.
Et pour en savoir plus sur toi, en mode “Fast and Furious” à l’écrit
Un livre qui t’a marqué ? Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg
Film préféré ? Il y en a beaucoup… Mais à choisir, parce qu’il fait tellement de bien au moral, je dirai La folle journée de Ferris Bueller (courez le regarder si vous ne l’avez jamais vu !!)
Une actualité ou info retenue dernièrement ? Le sexisme en hausse, la réforme des retraites…
Ton péché mignon, craquage absolu sur ? Ah, je suis une grande gourmande… Mais si je ne devais retenir qu’un seul péché mignon, ce serait les oursons en guimauve (ceux de Cyril Lignac… Un délice !)
Routines ou freestyle ? Des routines en freestyle ? Ahaha !
Devinez quelle expression se cache derrière cette illustration ?
Lorsque j’ai décidé d’interviewer Alexandra, je lui ai demandé si elle pouvait créer une illustration avec une expression lyonnaise. Elle a tout de suite accepté et voici sa création.
Vous devinez de quelle expression lyonnaise il s’agit ? Notez votre réponse en commentaire !
La réponse sera notre compte instagram ce soir dès 19h00 !
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