Cet article pourrait s’inscrire dans une série que j’intitulerais bien découvertes artistiques de cette année 2024 ! Commencée avec la collection Artissima, je suis cette fois-ci allée visiter l’URDLA, du côté de Villeurbanne. Un lieu hybride autour de l’estampe*, qui réunit atelier de création, d’édition, et galerie.
C’est plutôt le lieu en lui-même et son style industriel qui m’avait attirée, je l’avoue. Mais j’y ai découvert bien plus que ça : des trésors de machineries (bluffantes !) et le monde de l’estampe, jusqu’alors inconnu pour moi !
L’estampe qui peut paraître, aux premiers abords, dure à appréhender. Et que l’on connaît peut-être plus aujourd’hui par la sérigraphie de nos fameux totebags chéris ?! Cet article est donc un challenge pour moi, car je ne prétends pas vous expliquer tout ce que j’ai vu côté technique… Mais plutôt vous partager mon expérience, comme incitation à aller explorer le lieu par vous-même !
*Estampe n.f: impression réalisée sur un support gravé ou sur lequel se trouve un dessin. Aussi bien par linogravure, lithographie, taille douce, gravure sur bois (xylographie)… Bref, bien plus facile à comprendre en visitant les lieux qu’en lisant tout ce blabla !
L’histoire de l’URDLA
L’association URDLA (pour “Utopie Raisonnée pour les Droits de la Liberté en Art” puis appelée ensuite “URDLA – centre international estampe & livre”) est créée en 1978. Des artistes lyonnais s’associent sous ce nom pour sauver les richesses de l’imprimerie lithographique Badier (Lyon 6), alors en faillite : ses presses historiques et pierres lithographiques centenaires, utilisées à l’époque pour l’impression d’images commerciales. L’association devient alors un atelier collectif pour pratiquer l’estampe. Puis, elle se positionne rapidement comme un lieu d’édition pour la création artistique contemporaine.
“Petite presse” – Crédit photo : Girls Take Lyon
“Moyenne presse” – Crédit photo : Girls Take Lyon
En 1983, l’URDLA reçoit une presse Voirin du Ministère de la Culture, d’un gabarit supérieur aux précédentes, qui pousse l’association à déménager. Elle s’implante alors dans une ancienne usine textile grâce au soutien de la ville de Villeurbanne. Cette presse (que j’ai trouvé incroyable !) fait à l’époque et encore aujourd’hui partie des plus grandes presses encore existantes, en France et dans le monde. Et elles se comptent désormais sur les doigts de la main dans notre pays !
Presse Voirin – Crédit photo : Girls Take Lyon
L’URDLA aujourd’hui
L’URDLA fait donc aujourd’hui partie des acteurs majeurs en Europe parmi les éditeurs d’estampes. Grâce à ses différentes acquisitions de matériel et machines, elle possède un patrimoine unique : à la fois technique, avec les outils et formats d’édition qui y sont disponibles, et surtout également, un savoir-faire exceptionnel, qu’on ne retrouve sinon qu’à Paris. Elle possède sa propre équipe de production, dont Jacob Debord, lithographe et Anne Carrique, taille-doucière. Jacob que j’ai d’ailleurs pu rencontrer sur place et qui est par exemple, une des seules personnes en France et dans le monde à savoir faire fonctionner ces machines.
Jacob Debord, imprimeur lithographe de URDLA – Crédit photo : Cécile Cayon
“Moyenne presse” – Crédit photo : Girls Take Lyon
Une résidence d’artistes
Chaque année, l’association sélectionne 10 artistes qui bénéficient d’une résidence à l’URLDA, incluant la prise en charge de tous leurs frais : liés à l’édition, à l’exposition et à la vente… Des artistes aux horizons très variés, qui viennent s’essayer aux techniques ancestrales de l’image imprimée, qu’ils rencontrent souvent pour la première fois. La collaboration entre l’artiste et l’équipe artistique et technique de l’URDLA est alors cruciale pour faire naître des estampes originales et à la hauteur de l’imagination des artistes.
Depuis ses débuts, l’URDLA a collaboré avec environ 500 artistes et a produit autour de 2 000 images. Alors que les presses servaient autrefois à de l’édition d’images en masse, à des fins publicitaires, les impressions se font désormais en édition très limitées et les œuvres sont uniques.
Crédit photo : Girls Take Lyon
La médiation au cœur des activités de l’URDLA
Consciente de son savoir-faire artisanal exceptionnel et unique dans le monde de l’estampe, l’URDLA est très engagée pour sa mise en valeur, sa conservation et transmission.
Blandine Devers, Responsable médiation, que je rencontre ce jour-là me parle de plein de projets de médiation dans lesquels est impliqué l’URDLA : visites guidées, ateliers, stages, formations,… Mais aussi de nombreux projets avec les scolaires. Notamment, dans le cadre de la nomination de Villeurbanne comme “capitale française de la culture” en 2022, des projets collectifs, inclusifs et de proximité, comme des ateliers avec l’école Rosa-Parks, qui ont abouti à la création d’œuvres exposées dans ses murs !
La sensibilisation à l’art contemporain effectuée par l’URDLA passe aussi par l’organisation, dans la partie galerie, de 4 expositions gratuites par an. L’exposition Polymorphie de Damien Deroubaix & Yannick Vey, 2 artistes Beaux-Arts Saint-Étienne, est par exemple visible jusqu’au 20 juillet 2024. Les expositions se visitent librement ou avec commentaires (5€, organisée 1 fois par mois, sur inscription via cette page).
Après avoir vu à quoi ressemble les machines sur lesquelles sont créées les œuvres exposées, on ne les voit et apprécie plus de la même façon ! Je vous recommande d’ailleurs de suivre la visite commentée pour être guidé dans votre découverte !
Une nouvelle exposition prendra ensuite le relai en septembre, dans le cadre de la programmation Résonance de la Biennale d’Art contemporain.
Crédit photo : Girls Take Lyon
Infos pratiques
- 207 rue Francis-de-Pressensé, 69100 VILLEURBANNE
- Expositions gratuites, ouvertes à tous, du mardi au vendredi de 10 h à 18 h, et le samedi de 14 h à 18 h.
- Les expositions se visitent librement ou avec commentaires (5€, organisée 1 fois par mois, sur inscription via cette page).
- Des visites complètes avec présentation des techniques de l’estampe, découverte des ateliers et visite de l’exposition en cours sont aussi organisées.
Bref, chacun peut, selon moi, trouver un intérêt à se rendre à l’URDLA : pour le patrimoine qu’elle abrite, les expositions qu’elle accueille, ou bien pour ses œuvres à la vente !